Le passage du pouce – théorie et technique au piano
Le « passage du pouce » ou « passer le pouce » est un mouvement particulier du piano qui fait donc intervenir son pouce.
Le mouvement est un peu technique mais vous verrez qu’avec un peu de pratique le geste devient très naturel (de la même façon qu’on actionne naturellement les autres doigts sur les touches).
De plus, vous aurez fréquemment à passer le pouce comme on a souvent recours à ce doigté.
L’entraînement ne manque donc pas.
D’autres exercices et conseils pour apprendre le piano sont disponibles sur cette page
Qu’est-ce que le passage du pouce exactement ?
Le pouce est une des extrémités de notre main. Sa morphologie particulière lui donne la capacité de se plier en dessous des autres doigts vers la paume de la main. C’est ce que l’on appelle communément le passage du pouce :
- soit le pouce se plie pour passer en dessous des autres doigts
- soit la main et plusieurs doigts 2, 3 à 4 passent au-dessus du pouce plié
Dans le jeu, ces gestes permettent pour les deux mains :
- de lier des notes, d’une suite de notes descendantes ou montantes
- de changer la main de position vers la gauche ou vers la droite du clavier
- de préparer une extension ou un déplacement. Comme le pouce se positionne sur une note, la main peut s’étirer pour jouer une note plus éloignée en liant ou en se déplaçant (la distance sur le clavier est alors la plus courte).
Pour quels mouvements a-t-on besoin du passage du pouce ?
Il y a deux mouvements. Prenons l’exemple de la main droite :
- quand la main droite monte dans les aigus : le pouce passe en dessous des doigts (en général le 2 ou le 3, éventuellement le 4, en fonction du morceau). C’est le pouce qui joue la prochaine note.
- quand la main droite descend dans les graves : les doigts passent au-dessus du pouce (2, 3, jusqu’au 4). L’un des doigts qui passe joue la prochaine note.
Pour la main gauche, c’est la même chose mais à l’opposé (comme elle est symétrique).
Placer le pouce pour faire la liaison entre les notes
Si une liaison réunie plusieurs notes,
que l’intervalle entre la première et la dernière note est trop grand,
ou qu’il y a plus de notes que les doigts sollicités pour monter dans les aigus ou descendre dans les graves. Alors jouer en ayant passé le pouce à l’intérieur de cette suite de notes permet de poursuivre la liaison.
Le doigté 1 sera choisi de façon judicieuse et pratique, sur la bonne note : pour assurer à la fois la liaison et simplifier la pratique pour être suffisamment à l’aise.
Avant et après le mouvement du pouce, les touches sont enfoncées successivement. Il n’y a pas de coupure dans le son. Le jeu legato est respecté.
Utiliser le pouce pour déplacer la main sur le clavier
La mise en place d’un doigté via le pouce permet aussi à la main de changer de position : extension ou déplacement sur le clavier.
Comme le pouce agit comme un point de rotation. Lorsque le pouce passe sous la main et les autres doigts, étendre la main après le passage du pouce permet de regagner la largeur de la main sur le clavier. Les autres doigts peuvent atteindre des notes plus aiguës (pour la main droite) ou plus graves (main gauche).
De la même façon, lorsque les doigts 2,3 ou 4 passent au-dessus du pouce, la main change de position.
Passer le pouce permet aussi de minimiser la distance si la main doit faire un déplacement sur le clavier. On gagne alors en rapidité et en temps de préparation pour effectuer ce déplacement.
Les doigts tournent autour du pouce
C’est lorsque l’index ou le majeur passe au-dessus du pouce pour ensuite revenir dans leur position d’origine.
Le pouce est ancré sur une touche et l’index ou le majeur font comme un aller-retour.
La main conserve alors sa position, il n’y a pas de déplacement.
Après avoir passé le pouce
Si c’est le pouce qui passe : la touche jouée par le pouce sera en général une touche blanche. Elle sera voisine ou plus éloignée (le passage peut jusqu’à faire un petit « saut »). Il est plus rare de jouer une touche noire avec le pouce qui passe, ce doigté est moins adapté.
Les doigts passent au-dessus du pouce : un doigt actionnera la prochaine touche (blanche ou noire). Ou bien, deux doigts seront plaqués après être passés.
Qu’est-ce qu’on joue ?
Comme un autre doigté, passer le pouce peut intervenir à différents moments d’un morceau, pour les deux mains :
- la mélodie : cela concerne principalement la main droite. Le passage du pouce permet de lier un arpège, une suite de notes voisines (comme une gamme) ou plus éloignées.
- l’accompagnement. L’accompagnement utilise souvent le pouce pour étendre la main gauche des basses vers les médiums et inversement. Il y aura un passage du pouce pour relier plusieurs notes et permettre à la main de changer de position. Au-delà d’un certain écartement entre les notes (par exemple au-delà de l’octave), on n’aura pas d’autre choix que de déplacer directement la main.
Le pouce comme doigté
Comme tout autre doigté, utiliser le pouce est une question de pratique. Donc la réflexion du doigté est la même : simplicité et économie pour avoir un geste le plus aisé possible ou adapté à la partition.
Même si l’écriture d’une partition convient en général à beaucoup de personnes, vous pourrez vous poser la question si tel passage du pouce est convenable. Je pense aux pianistes qui ont de très grandes mains ou de très petites.
Comment réaliser le geste avec son pouce et les autres doigts ?
Passer le pouce en dessous
On est dans le cas de figure quand la main droite monte ou la main gauche descend.
Il y a le mouvement du pouce : le pouce passe en dessous du doigt 2, 3 jusqu’au 4. Pour la main droite, le pouce doit être lancé vers la droite. Pour la main gauche, le pouce est lancé vers la gauche.
Le doigt en dessous duquel passe le pouce sert de point d’appui.
En plus du mouvement du pouce, il y a en même temps un mouvement global qui sollicite le poignet et l’avant-bras. Le poignet et l’avant-bras accompagnent le geste. Le poignet pivote légèrement dans le sens du pouce. L’avant-bras prend aussi la même direction. Sans exagération, l’ensemble du mouvement est naturel.
Le poignet ne doit pas être figé ou sous tension. Cela créerait un point de raideur et de blocage.
La finalité : une fois le pouce passé, il joue la touche qui était visée. En même temps que la touche commence à être jouée : la touche précédente est relevée (assure le lié), et la main est repositionnée latéralement. Les doigts longs sont à nouveau au-dessus du clavier face aux touches.
En général, pendant le mouvement, le dessus de la main reste presque à plat, dans sa configuration habituelle de jeu. Mais lorsque le mouvement est rapide ou que le pouce se plie au maximum il est normal que le mouvement fasse un peu pivoter la main (vers l’extérieur, côté petit doigt).
Passer les doigts longs au-dessus du pouce
On est dans le cas où la main droite descend, ou la gauche monte.
Prenons le cas de la main droite. Dans le mouvement, les doigts longs sont rabattus vers la gauche. En même temps le pouce se plie, il rentre vers la paume de la main. Cette fois, c’est le pouce qui sert de point d’appui et de centre de rotation.
Le geste des doigts est aussi accompagné par le poignet et l’avant-bras, sans forcer les mouvements.
Une fois que les doigts passent, le doigt qui joue (2, 3 éventuellement 4) entraîne la main droite vers la gauche. La main se repositionne face au clavier, en même temps que le pouce se ré-ouvre, proche de la main, à nouveau prêt à être sollicité.
Réussir le geste
Connaître les notes
Pour ne pas être hésitant pour passer le pouce, il faut savoir quelles notes on joue. Avant, au moment du passage du pouce et après.
Connaître les notes permet d’anticiper et donc de prévoir le mouvement que l’on doit effectuer pour jouer le plus juste.
Le mouvement est alors réussi et l’objectif sonore est aussi maîtrisé :
- continuité dans le son, sans coupure, s’il y a une liaison
- égalité dans le son. Le passage du pouce ne doit pas créer un plus haut ou un plus bas point au niveau du son (sauf si c’est demandé).
Personnaliser le geste
Le passage du pouce est un élément technique de l’exécution au piano. Comme il sollicite les autres doigts et la main, il est bon de se faire sa propre expérience.
On respectera avant tout les grandes lignes théoriques vues plus haut dans l’article.
Notre sensation du geste et sa réalisation peuvent quand même être influées par nos capacités : mobilité des doigts, souplesse et taille de nos mains. Le geste dépendra aussi du morceau : doigtés et écriture d’une partition.
Il faudra donc tester et éventuellement personnaliser le mouvement selon vos attributs et votre perception du geste.
Vous lirez peut-être un passage du pouce par « au-dessus »
Ce qui suit n’est pas à effectuer, ni à retenir si vous débutez.
J’en parle parce que certains auteurs et pianistes citent un passage du pouce « au-dessus » (ne retenez qu’il n’existe qu’un passage du pouce par en dessous).
Cette manière est la suivante : on peut adapter le passage du pouce par un mouvement latéral de la main, assez rapide.
Quand la main droite monte, les doigts longs sont déjà positionnés vers la droite alors que le pouce joue la note à passer. Le mouvement est latéral. La main et le poignet sont plus aériens pour effectuer ce geste.
Je pense que ce mouvement pourrait être davantage appliqué à des mouvements rapides (dans ce cas, découper l’ensemble du geste ferait prendre du retard).
Mais encore une fois, si vous débutez (et même dans tous les cas), ne vous entraînez qu’en passant le pouce en dessous.
En conclusion :
La première chose à faire est de réaliser le bon geste avec le pouce et les autres doigts (accompagnés de la main et du poignet).
Gagner en aisance sur la base de ce geste,
jusqu’à ce que le mouvement devienne naturel.
Cet article vous a-t-il apporté des conseils utiles ?
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26 commentaires
Bonjour Benoit.
De toutes les publications que j’ai lues sur ce blog celle concernant le passage du pouce est la seule avec laquelle je suis en désaccord..j’appliquai moi aussi cette technique jusqu’à ce que mon prof me l’ait déconseillé.En effet il m’ a démontré et expliqué que le son était bien meilleur,si au lieu de passer le pouce sous la main,au contraire on place la main en forme de dôme,on lève le pouce seul(pour lui donner de l’élan) et on déplace simplement la main sur la droite pour laisser tomber le pouce sur la touche.Dans le passage du pouce sous la main on ne peut donner cet élan et le son est plus assourdi..
Volà je me permets cette remarque en toute modestie…
Bonjour Mathé.
Merci pour votre message. C’est toujours intéressant de partager les idées. Je vois qu’il y a plusieurs enseignements pour ce passage du pouce (dont la technique que j’évoque à la fin de l’article). Il y a je pense similitude quand vous parlez de dôme. Dans ce que j’expose, la main et les doigts forment toujours la voûte tandis que le pouce se plie en dessous.
Les façons sont visiblement un peu différentes si vous déplacez la main avant que le pouce ait joué (est-ce que la liaison est dans ce cas possible ?).
J’ajoute une chose importante. La façon de passer le pouce (en utilisant la même technique) est un peu adaptable dans la pratique. Adaptable en fonction des notes jouées, de la vitesse, de nos dispositions physiques, du son à rendre… Il faut dans tous les cas se sentir à l’aise et que le geste soit naturel.
Je compléterai avec des vidéos dans le prochain article.
Vous avez raison pour le son. L’objectif est que le passage « ne s’entende pas ». Si vous êtes plus à l’aise avec votre nouveau geste, c’est une bonne chose.
Merci encore pour tous ces bons conseils.
Merci infiniment pour ces conseils .
Merci Benoît pour tous vos conseils sur le passage du pouce. Oui il est vrai que cela pose parfois un problème. J’apprécie vos vidéos claires. Il faut se rentrer toutes ces précisions dans la tête. Elles sont très utiles pour jouer correctement. On en a besoin et grâce à vous on avance. Bonne journée et merci encore.
Dany.
Merci Dany 🙂
Bonjour,
Merci pour cet article qui va me permettre de régler une de mes difficultés de déplacement de mes mains !
J’utilise seulement le passage du pouce sous 2 doigts pour l’instant et n’ai jamais fait le geste de « pivot » avec le pouce.
Cordialement
Jeanine
Merci du message Jeanine.
Bonjour, Benoît!
Merci pour cet article!
Bonjour!
Merci pour votre site..
Par ailleurs:
Je voudrais avoir un moyen pratique pour:
– memoriser mes notes en clé sol et fa simultanément.
-technique pour prendre en compte le temps en jouant, j’ai tendance à me perdre??
Merci..
christian
Bonjour Christian,
Je vous renvoie vers cet article : le Dandelot. C’est un manuel pour la lecture des notes sur différentes clés. Il met en avant des notes comme points de repère sur la portée. Par exemple Do-Sol pour la clé de sol. Puis il se sert des intervalles, d’abord la tierce : reconnaître Do-Mi, Mi-Sol, Sol-Si…
Pour le rythme, le métronome est le meilleur outil pour battre la pulsation si on a tendance à ralentir ou à accélérer. D’abord, compter les temps sur la partition, sans piano. Puis en jouant, on peut compter les notes longues ou les silences à haute voix. Continuer de jouer avec le métronome en répétant plusieurs fois. Puis, l’enlever. La régularité devrait mieux s’installer.
merci très utile
Merci bcp cher Prof !!!!
Salut Benoit merci pour cette publication ça me montre que je faisais bien
Merci Benoît pour ces indications toujours intéressantes et encourageantes pour les apprentis pianistes.
La prof me dit souvent « il faudrait apprendre par coeur, en commençant par des choses faciles, puis plus complexes ensuite »
Qu’apporte le jouer par coeur ?
Pour moi c’est impossible, j’ai besoin du support visuel de la partition même quand j’ai dépassé le stade du déchiffrage. En plus regarder le clavier me perturbe !
La prof me dit que je fais surement un blocage !
Est-ce vraiment gênant ?
Bonjour Mylène,
Je vous renvoie vers cet article : l’utilité d’apprendre des partitions par coeur.
Avant le par coeur, il y a un stade intermédiaire qui est la prise d’automatisme (grâce notamment à notre mémoire musculaire). A force de répétition, certains passages sont connus par coeur, on est capable de jouer sans regarder la partition : 1 mesure, 2 mesures, plusieurs mesures. C’est un début pour jouer par coeur (le risque dans ce cas est de ne plus « recoller » le regard au bon endroit de la partition).
Si on joue selon ces automatismes, c’est déjà une bonne chose (le tout par coeur n’est pas indispensable). Ils permettent de ne pas bloquer, de jouer les passages les plus complexes…
Un par coeur complet demande de faire ce processus sur l’ensemble de la partition.
Bonjour,
merci pour vos articles.
Comment retrouver un ancien article que je n’ai pas reçu car je n’étais pas encore inscrite ?
Dans un récent article, nous avons déjà parlé de nos cinq doigts : leur utilité, leurs atouts et quelques fois leurs faiblesses (comme le 4 et le 5).
je dois particulièrement travailler le 4 qui est ni assez fort, ni assez mobile.
merci pour votre réponse.
Bonjour Anne-Marie,
Oui, j’ai parlé dans deux articles des 5 doigts :
« Présentation » des 5 doigts
Toucher et indépendance
Soit les derniers articles sont en page d’accueil du site. Ou, la majorité des conseils pour l’apprentissage et les méthodes sont sur cette page.
Bonne continuation.
Bonsoir Benoit! cet article est vraiment utile pour moi parce que je n’ai jamais entendu ce « passage de pouce ». J’ai encore du mal à le pratiquer mais je pense qu’après quelques exercices ce sera un jeu d’enfant!
Bonjour,
Oui, avec un peu pratique, on y arrive sans difficulté.
Bonne continuation.
Merci bcp !!!!
Bonsoir Benoit, comment faire le passage du pouce dans la gamme de Fa majeur ?
Bonjour Anicet,
Vous trouverez à la fin de cet article toutes les gammes au piano et leurs doigtés.
Vraiment je suis très ravis, les mots me manquent.
Bonjour,
J’aime votre façon de passer le pouce. C’est facile pour les débutants.
Merci
Bonjour Nicole,
Merci pour votre message.