Sonate Clair de lune, opus 27 n°2, Beethoven – Partition et vidéos
Ludwig van Beethoven est sans aucun doute l’un des compositeurs classiques les plus célèbres de tous les temps. Parmi ses chefs-d’œuvre, figure la Sonate Clair de Lune, également connue sous le nom de « Sonata Quasi una Fantasia » (l’Opus 27 n°2), qui demeure aujourd’hui l’une des œuvres les plus populaires et les plus jouées du répertoire pianistique.
Dans cet article, je vous propose de nous plonger dans cette œuvre, avec :
- La partition à télécharger (le 1er mouvement le plus connu) si vous désirez tout de suite profiter et jouer cette musique.
- Les éléments clés du 1er mouvement Adagio de cette sonate n°14 opus 27 n°2. Qu’est-ce qui rend cette œuvre aussi spéciale. Retrouvez une vidéo inspirante de son interprétation.
- Le 3ème mouvement de la sonate, méconnu et pourtant très surprenant : sa description et une vidéo.
- Un aperçu des 32 sonates pour piano composées par Beethoven.
- En conclusion, on répond à la question de : pourquoi ces noms de sonate Clair de lune, et Quasi una fantasia. Et, à quel personnage la sonate est-elle dédiée.
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Partition – Sonate Clair de Lune, 1er mouvement, Adagio sostenuto
Cliquez pour télécharger la partition : Beethoven – Sonate 14 op27 n2 Clair de lune – 1er mouvement
Cette partition est accessible dès le niveau débutant avancé ou intermédiaire (environ 3 ans de piano).
Retrouvez ci-dessous une description et une vidéo inspirante de son interprétation !
Clair de lune, sonate n°14, opus 27 n°2
Composée en 1801, la sonate Clair de lune continue aujourd’hui d’inspirer et de captiver les auditeurs et pianistes. Son premier mouvement, en particulier, incarne la beauté et l’émotion si caractéristiques du style de Beethoven. L’écriture paraît si simple, si épurée et à la fois complexe et profonde.
Voyons à présent les 2 mouvements les plus connus de cette sonate :
- le 1er mouvement que beaucoup de pianistes désirent un jour de jouer, et que beaucoup de personnes (même profanes en musique) ont au moins entendu une fois (il peut être entendu dans des films par exemple).
- le troisième et dernier mouvement est très différent : il est à découvrir plus bas.
Clair de lune, 1er mouvement, Adagio sostenuto
2 éléments rendent ce mouvement bien caractéristique.
La mélodie à la main droite est une succession de triolets qui s’écoulent régulièrement, sans rubato. Le rythme et le temps sont imperturbables. Comme une marche, qu’on pourrait presque qualifier de marche funèbre comme le ton est très sombre (nuance mineure).
Les basses à la main gauche, profondes, parfois très graves, rajoutent à la couleur sonore.
En un mot, cette musique est une méditation. Il faut ressentir le temps qui passe, monotone.
Mesures 1 à 14
Le 1er mouvement se joue sans sourdine, l’usage de la pédale est possible.
L’introduction de ce mouvement commence par une série de tierces à la main droite, accompagnées d’accords graves à la main gauche. Les triolets de la main droite seront une constance tout au long de ce 1er mouvement.
Le début du morceau instaure immédiatement une ambiance mystérieuse et intimiste. On rentre dans l’œuvre, il faut s’imprégner de cette ambiance. Pour interpréter correctement ce début, il est essentiel de respecter les nuances (pp). Utilisez la pédale pour créer une belle couleur sonore. Prenez votre temps pour articuler chaque note, soyez précis et régulier dans les triolets. Il s’agira de bien faire ressortir le fameux motif croche pointée-double avec plus de poids dans ces notes aiguës de la main droite (tandis que le triolet continue d’être joué).
Mesures 15 à 31
L’ambiance change, le ton est est un peu plus sombre. Entendez comme une plainte à chaque note aigue de la mélodie entre les mesures 15 à 18. Ce ton est renforcé par la réponse de la main gauche, très grave (au sens propre comme au figuré). Dans cette section, il faut marquer deux crescendos à chaque mouvement ascendant de la main droite, puis tout de suite decrescendo.
A partir de la mesure 23, il y a un nouvel élan, qui trouve son développement dans le crescendo de la mesure 25. Le son aux deux mains est plus fort, la basse est parfois renforcée avec 3 notes au lieu de 2.
Après le diminuendo mesure 27, on marque un répit. Appuyez un peu la première note du triolet qui reste dans la touche le temps du triolet. Ce répit est comme une fin de phrase, mais qui prépare en fait le passage suivant.
Mesures 32 à 41
La main droite développe de nouveaux arpèges. Durant tout ce mouvement, le ton est davantage interrogateur. Il y a d’abord un mouvement ascendant, vers les aigus, qui trouve son point culminant sur le Ré aigu à la fin de la mesure 35. Pendant ce temps, la main gauche frappe les mêmes notes : sol grave. Après le sommet mesure 35, le son redescend.
Mesure 38, on ressent comme une résolution, une mini-conclusion est en train de se mettre en place. Celle-ci arrive aux mesures 40-41.
Mesures 42 à 59
On revient au thème du départ, à l’ambiance triste et langoureuse.
La main droite et les triolets redeviennent imperturbables.
Il y a des changements de ton comme les nouvelles plaintes posées aux mesures 51 à 54.
Mais contrairement au début du morceau, on ressent très vite une progression. La mélodie se développe et amène un ton plus percutant aux mesures 57-58, crescendo. Personnellement, un passage que j’adore. Puis tout de suite Piano mesure 59, comme une préparation cette fois à la vraie conclusion.
Mesures 60 à la fin
Développement de la conclusion.
La main gauche « récupère » le motif croche pointée-double tandis que la main droite développe de nouveaux arpèges. Ces arpèges surgissent comme une longue phrase de conclusion, expressive, avec des nuances crescendo dans les montées puis decrescendo dans les descentes.
Mesure 66, le son diminue encore, la mélodie trouve sa conclusion, puis deux longs accords plaqués, joués doucement, pp, fin.
Clair de lune, 3ème mouvement, Presto agitato
Si on est beaucoup à connaître le 1er mouvement, ce 3ème mouvement est moins connu.
Si c’est votre 1ère écoute, je suis certain qu’elle ne vous laissera pas indifférente !
Contrairement au 1er mouvement, ce qui change radicalement, c’est le tempo. Ce 3ème mouvement noté « Presto » et « Agitato » débute en fanfare. Il est une explosion d’énergie, le contraste est saisissant avec les deux parties de la sonate qui ont précédé.
Le thème de ce mouvement est tourmenté. Les passages sont donc joués avec beaucoup d’agitation.
Quelques petites poses viennent parsemer ce tourbillon musical, des moments où le pianiste reprend un peu sa respiration. Puis, la course effrénée reprend de plus belle.
Dans l’écriture, ce Presto se caractérise par des arpèges très rapides et des accords dramatiques, il est découpé en 3 motifs principaux (comme 1 seule sonate). Chaque motif se compose de répétitions du même motif thématique, variant légèrement à chaque fois. Il y a des changements brusques de dynamique et des contrastes dans les sonorités. Le tout créé une atmosphère d’urgence.
On ressent tout cela à l’écoute : la tension, la nervosité, le drame, les émotions.
Les pianistes les plus aguerris et virtuoses pourront s’essayer à ce monument. Le mouvement est complexe avec des passages rapides et intenses. L’interprétation demande une grande dextérité, une coordination précise des mouvements, un toucher soigné dans les différentes nuances ou transitions. En somme, le pianiste doit faire preuve d’une maîtrise technique de très haut niveau.
Le final de ce Presto est éclatant, une dernière fois on est saisi par l’émotion. C’est une conclusion magistrale à cette sonate culte du Maestro Beethoven, ce Clair de lune Opus 27 n°2 !
Beethoven, pianiste et compositeur de génie
Ludwig van Beethoven (1770-1827) est un compositeur allemand. Il reçut une éducation musicale sévère donnée par son père, avec l’apprentissage du piano. Avec ses premiers concerts, il acquit une première notoriété, avant de débuter sa carrière de compositeur.
La vie de Beethoven est une vie dédiée à la musique. C’est un des compositeurs les plus prolifiques, son influence et son héritage sont énormes.
Beethoven est connu pour avoir composé de nombreuses œuvres majeures dans divers genres musicaux tels que la symphonie, le concerto, la sonate, le quatuor à cordes, l’opéra et la musique de chambre. Au travers de ses compositions, il a contribué à façonner le romantisme naissant dans la musique occidentale.
Pour le piano, Beethoven a écrit plusieurs bagatelles, variations, rondo et autres morceaux solos.
Mais son travail le plus colossal pour le piano est la composition de 32 sonates.
32 sonates au piano, monuments de la musique classique
Composées entre 1795 et 1822, les 32 sonates pour piano de Beethoven constituent l’un des corpus les plus importants et influents de l’histoire de la musique classique. Ces sonates reflètent l’évolution du style de Beethoven au fil du temps, évolution qui se fait en parallèle des changements culturels de son époque.
Les premières sonates, comme les numéros 1 à 8, s’inscrivent dans la tradition classique établie par Mozart et Haydn. L’écriture reste traditionnelle, dans la lignée des anciens maîtres de Beethoven. Cependant, Beethoven y apporte déjà sa propre touche personnelle en développant de nouvelles idées musicales.
Au cours de la deuxième période, correspondant aux sonates n°13 à 26, Beethoven s’affirme davantage en introduisant des structures nouvelles et originales, des harmonies plus osées et des textures orchestrales. La Sonate “Waldstein” (n°21) et la Sonate “Appassionata” (n°23) illustrent bien ces caractéristiques.
Dans la troisième période, qui comprend les sonates n°27 à 32, Beethoven atteint de nouveaux sommets d’expressivité et d’innovation. Les sonates deviennent plus intimes, le style romantique est plus affirmé, l’écriture est approfondie. Citons notamment la Sonate “Hammerklavier” (n°29), très technique et expressive.
Parmi les sonates les plus connues de Beethoven, on peut citer la Pathétique (n°8), la Clair de Lune (n°14), la Waldstein ou Aurore (n°21), l’Appassionata (n°23) et la Hammerklavier (n°29). Chacune de ces œuvres offre une expérience musicale unique, révélant l’immense talent de Beethoven en tant que compositeur et pionnier de la musique pour piano.
Mes 2 sonates coups de cœur
Personnellement, j’ai un faible pour la Sonate n°13 opus 27 n°1 (aussi dite quasi una fantasia). Elle est la grande sœur de la Sonate Op 27 n°2, elle est aussi beaucoup moins connue. Et pourtant, elle mérite quelques attentions ! Personnellement, son adagio a été une révélation, il est très émouvant et expressif. On y entend déjà beaucoup de romantisme. C’est en ce sens que Beethoven est un précurseur !
L’autre sonate que je trouve incroyable est la Sonate n°31 opus 110, l’avant-dernière sonate. Je ressens cette œuvre comme un parcours initiatique. Nul besoin d’être un fin connaisseur, ou pianiste confirmé, il suffit de se laisser porter. L’ensemble est déjà captivant, mais parvenu au dernier mouvement « adagio ma non troppo », que dire… C’est juste bouleversant.
Retrouvez ici la page de Beethoven où vous pourrez notamment écouter ces deux chefs-d’œuvre !
Sonata quasi una fantasia
Arrêtons-nous sur quelques détails de langage de la Sonate Clair de lune.
Sur les partitions Urtext, vous verrez en sous-titre de « Sonate en Ut# mineur » les mentions :
« Sonata quasi una fantasia » : qu’on pourrait traduire par « Sonate comme presque une fantaisie ».
Traditionnellement, une sonate suit une structure formelle rigoureuse, avec des mouvements distincts et des motifs thématiques bien définis. L’expression « presque une fantaisie » indique déjà que la forme Sonate n’est pas complètement respectée.
De plus, Beethoven suggère que la Sonate Clair de lune pourrait être interprétée de manière plus libre et expressive que les sonates conventionnelles de l’époque. Cela donne au pianiste une certaine latitude dans l’interprétation, lui permettant d’explorer davantage les nuances et les éléments expressifs de cette musique.
Cette phrase « quasi una fantasia » souligne donc la singularité de cette sonate Clair de lune. Elle invite les interprètes et les auditeurs à apprécier son caractère unique et chargé d’émotions !
« Clair de lune » : ce nom est un titre posthume qui aurait vu le jour après la mort de Beethoven. Il est attribué à un critique et poète allemand Ludwig Rellstab en 1832 qui aurait comparé la sonate à « une barque glissant au clair de lune sur un lac ». Cette comparaison aurait ensuite perduré dans l’imaginaire collectif. Ainsi, Beethoven n’a pas volontairement donné de nom à sa sonate.
Par contre, il en a clairement fait la dédicace suivante :
« Dédiée à la Comtesse Giulietta Guicciardi » : elle est une jeune pianiste. Elle fut surtout une des « amoureuses » de Beethoven (mais celle-ci a épousé un autre homme). On peut donc croire que la comtesse a joué un rôle de muse pour Beethoven dans l’inspiration et l’écriture de la sonate.
De plus, dans ses correspondances, Beethoven parle d’une de ses amours comme une « immortelle bien-aimée », et aussi comme son « unique bien-aimée ». Etait-ce la Comtesse Giulietta Guicciardi ? Nul ne le sait. La musique, cette sonate particulièrement, tout comme la vie du maestro entretiennent donc le mystère…
Pour conclure, restons sur cette image de bien-aimée. Est-ce que cette sonate Clair de lune exprime l’amour ?
Pour les uns, oui, cette sonate est la marque du trouble et de la passion naissante chez Beethoven. Le dernier mouvement s’exprimant comme le vent tumultueux de la passion amoureuse !
Pour les autres, plus terre-à-terre, la sonate accélère graduellement durant ses 3 mouvements, Adagio sostenuto, Allegretto, puis Presto agitato. On peut y voir l’évolution de la vie, tantôt tranquille, tantôt agitée avec ses luttes et ses drames.
Je vous laisse ici seul juge de ces pensées !
Cette sonate reste et restera un grand moment d’émotions et son 1er mouvement, une des premières grandes œuvres classiques à essayer par les pianistes apprenants, après seulement quelques années de piano.
Cet article vous a-t-il apporté des conseils utiles ?
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10 commentaires
Bonjour Benoît,
A 75 ans je me suis arrêté et bloqué. A la 10eme leçon de opus 139 de Czerny !!! Néanmoins, je garde un excellent souvenir de tes cours.
Cordialement,
Jacques.
Bonjour Jacques
Merci pour le message.
Dommage que vous vous soyez « bloqué ». Le répertoire est vaste, et notamment classique, il est toujours possible de passer à autre chose, un morceau qui fasse plaisir à apprendre et jouer, et d’un niveau plus accessible pour ne pas trop perdre confiance.
Bonne continuation.
Un grand merci pour ces explications sur les sonates de Beethoven qui me touchent particulièrement. J’ai décidé d’apprendre le piano en écoutant la Sonate Clair de Lune, j’ai appris beaucoup de choses passionnantes, enthousiasmantes grâce à votre mail, je comprends mieux l’attrait que je ressens pour Beethoven qui restera, pour moi, le maitre de l’émotion.
Bonjour Dominique,
Merci pour votre message.
Cette sonate Clair de lune est effectivement un moteur de motivation pour beaucoup de pianistes en herbe, un objectif à jouer (comme des valses de Chopin peuvent l’être dans le registre romantique).
Comme vous le soulignez, cette musique nous baigne dans l’émotion !
Bonne continuation.
Je suis étonnée que jouer au piano la Sonate Clair de lune de Beethoven soit accessible dès 3 ans de piano. Peut-être pour les doués du Conservatoire.
Les 2 interprétations par les 2 maestro du piano sont superbes.
Peut-être plus accessible aux amateurs pianistes un autre Clair de Lune, 3 siècles après, par Debussy.
Merci Benoît de nous faire partager votre pédagogie, à lire et à écouter car pas d’instrument de musique chez moi.
Bonjour.
Merci pour votre message.
Sur le niveau, il y a certainement débat tant la progression des premières années est variable. C’est pour cela que j’indique débutant avancé ou intermédiaire (après environ 3 ans). Le morceau reste lent (le tempo pourrait être diminué par rapport à l’exemple d’écoute) et on peut facilement se concentrer sur la main droite (coordination plus facile des deux mains).
Vous avez raison, l’autre Clair de lune de Debussy est aussi accessible aux apprentis pianistes (après quelques années de la même façon). Et il fait aussi partie de ces chefs-d’œuvre classiques !
Bonne écoute et bonne continuation !
J’ai commencé le piano en 2010 j’avais 66 ans, j’ai appris seul avec une méthode qui n’en était pas une, 3 années d’apprentissage qui m’ont donné les bases nécessaires pour comprendre la musique, jeune on disait de moi que je n’avais pas l’oreille musicale, aujourd’hui je suis sur la partition Chopin OP21 b108 très belle œuvre que je dédie à tous ceux qui aiment la musique et à Benoît, quand j’aurais fini je prendrai la sonate au clair de lune de Beethoven.
Bonjour Nourdina. Merci pour votre message ! Bravo pour ce nocturne et votre parcours qui vous amène à jouer ces œuvres, c’est un bel exemple. Bonne continuation.
merci Benoit pour cette sonate au clair de lune, la belle analyse et la partition
je n’avance pas vite, ai de gros problèmes de mémoire mais je continue à mon rythme très lent…
Merci Odette.
Pas à pas ! A force de répétition, la mémorisation vient. Et la répétition régulière est une progression générale de notre manière de jouer, pour aborder un déchiffrage plus facilement, ou pour mémoriser plus vite.
Bonne continuation.