Frédéric Chopin – 24 préludes pour le piano
Frédéric Chopin, célèbre compositeur et pianiste a écrit toute sa vie pour le piano. Une vie dédiée au piano et un style romantique unique !
Le piano romantique de Chopin se retrouve dans toutes les formes de ses compositions : nocturne, valse, polonaise, mazurka, berceuse, et donc le prélude.
Dans cet article, nous détaillerons les 24 préludes de Chopin avec :
- le recueil des 24 préludes opus 28
- la partition du prélude n°4, très connu, et parmi les morceaux de Chopin les plus abordables
- le prélude n°15, mon coup de cœur
- 2 vidéos de célèbres pianistes et des conseils pour l’interprétation et l’écoute des préludes n°4 et 15
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24 préludes opus 28 de Chopin – recueil de partitions
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Chopin a composé ses 24 préludes entre 1835 et 1839. Le début de la composition se passe à Paris puis c’est à Majorque en Espagne que les préludes sont principalement écrits en 1838-1839, le pianiste a alors 29 ans.
Chopin voyage avec sa nouvelle compagne de l’époque, la célèbre romancière George Sand. Ce séjour à l’étranger sera éprouvant pour Chopin qui tombe malade. Cela se ressent dans l’écriture de prélude avec des sonorités parfois sombres.
Les 24 préludes sont composés dans des tonalités toutes différentes. C’est une originalité : chacun des préludes a une tonalité propre, majeure ou mineure, ce qui confère à chaque pièce une sonorité et un timbre particulier.
Ces pièces dégagent donc des atmosphères uniques où Chopin peut librement développer son style et son talent pour faire passer des émotions.
La forme prélude
Le prélude est une forme de composition généralement libre. Elle serait née d’improvisations.
Comme la forme n’est pas vraiment définie (à contrario de la construction d’une sonate par exemple, ou du rythme imposé de la valse), le prélude conserve ce caractère de liberté et d’improvisation.
Parmi les préludes célèbres, on peut citer le précurseur du piano classique, Jean-Sébastien Bach, qui composa 48 préludes et fugues.
Le prélude peut être très varié dans le style, et représenter une pièce plus ou moins longue, voire très courte.
Les 24 préludes de Frédéric Chopin peuvent aussi être abordés dans ce sens : chacun est une composition originale dans laquelle on retrouve des sonorités très romantiques du compositeur. On les découvre et on les déguste sans modération !
Sur le même sujet, vous pouvez aussi lire : Les préludes de Bach, des partitions conseillées pour l’apprentissage classique du piano
Prélude op. 28 n°4 – Une partition assez facile
Télécharger la partition du prélude n°4
Elle est entièrement annotée des doigtés.
Ce prélude n°4 est assez abordable. La pièce est courte, la vitesse d’exécution lente. Il est conseillé aux pianistes débutants avancés et intermédiaires. D’ailleurs, c’est un des premiers morceaux de Chopin qu’il est intéressant de jouer ou seulement de répéter (comme un entraînement par exemple aux notes plaquées main gauche).
Conseils de jeu
Le morceau est en Mi mineur. Cela se ressent sur l’ambiance sonore qui est tout de suite mélancolique.
Au niveau de l’écriture, la main gauche joue des notes plaquées, chaque groupe de 3 notes est un accord. Mesure après mesure, on joue une progression d’accords qui descend progressivement dans les graves.
Ce déroulé entretient la mélancolie et une certaine gravité dans la musique.
La main droite entonne la mélodie. Celle-ci est très simple, quelques notes qui sont liées. Cette mélodie se superpose à la main gauche, elle renforce l’impression de tristesse de l’ensemble.
Concernant le rythme, la mesure est en C barré (ou 2/2). On compte en théorie 2 temps par mesure.
Dans la pratique, ce sont les croches de la main gauche qui rythment la progression et servent de repère au déroulé de la mélodie.
La main gauche joue donc des croches.
Voici des conseils qui sont valables pour l’ensemble du morceau. Il faudra principalement veiller à :
- La précision dans les doigtés à la main gauche et les bons enchaînements dans cette suite d’accords. On pourra travailler la main gauche seule pour faciliter la mémorisation. Il sera alors plus facile d’ajouter la main droite.
- La mise en place de la pédale. En changer à chaque changement d’accord (comme cela est écrit sur la partition) pour éviter la superposition de plusieurs harmonies.
- Faire ressortir la mélodie, les notes sont jouées legato (le son ne doit pas être coupé).
- L’expression et le phrasé. Répéter par exemple le passage de la mesure 1 à 8 comme 1 seule phrase.
De la mesure 1 à 8 :
La main gauche joue des croches, 8 croches par mesure, avec chaque fois 3 notes plaquées en même temps, formant un accord. L’accord change : on jouera 1 même accord dans 1 mesure, ou 2 par mesure.
La main droite est très simple, c’est 1 blanche pointée + 1 noire dans une mesure.
De la mesure 10 à 16 (en levée de la mesure 10) :
La mélodie se développe un peu. Le ton reste le même. On notera la présence des nuances decrescendo et crescendo dans ce développement, soulignant toujours la recherche d’expressivité dans le jeu.
La main gauche imperturbable, poursuit la suite d’accords en croches.
Les mesures 13-14-15 sont une reprise du début du morceau.
A partir de la mesure 16 :
La mélodie main droite varie et devient plus agitée et grave. Le rythme se complexifie sur les mesures 16-17 avec l’écriture de croche pointée-double et d’un gruppetto sur le La# (qui se joue Si-La#-Sol-La#).
En parallèle, le son devient plus fort avec un crescendo vers un Forte, suivi tout de suite d’un diminuendo à la mesure 18. On perd alors cette intensité et tout redevient plus calme !
De la mesure 19 à la fin :
Après l’agitation vient le calme.
Les dernières mesures marquent une résolution plus douce du morceau. On recherchera comme un apaisement.
Les accords main gauche participent à ce nouveau ton avec de nouvelles harmoniques plus douces (même si la mélancolie reste bien présente).
A la mesure 23, le son est coupé, il y a un silence surmonté d’un point d’orgue (le silence peut être allongé).
Les deux mesures 24-25 concluent le morceau par des accords plaqués.
Mon coup de cœur – le prélude n°15, « la goutte d’eau »
Qu’est-ce qui rend ce prélude n°15 (surnommé « raindrop » ou « la goutte d’eau ») si particulier à mes yeux ?
Le début du morceau est des plus romantiques. La mélodie est très belle et épurée. On dirait entendre une berceuse. La main gauche accompagne dans les graves avec des croches et des notes souvent répétées. Bien qu’assez chargée, cette main gauche reste légère afin de ne pas perturber l’écoute de la mélodie.
De la mesure 1 à 27 (toute la 1ère page de la partition), on a donc ce thème, en Ré bémol majeur. Rien ne laisse présager ce qui va suivre…
Puis à la mesure 28, l’atmosphère s’assombrit tout à coup. C’est une rupture totale. La tonalité change en Do dièse mineur.
L’ambiance sonore devient alors très sombre.
Les notes deviennent aussi plus graves, dans les basses. La main droite égrène des croches. La main gauche joue des doubles notes qui deviennent le nouveau thème à entendre.
Après quelques mesures, un crescendo se fait sentir, la main droite joue cette fois des doubles notes parsemées de noires qui s’ajoutent au plan sonore du thème. Au niveau de l’ambiance, cela crée comme une angoisse qui grandit.
Mesure 40 Fortissimo : c’est une explosion, quelle surprise, avec toujours des notes plaquées, graves et sombres. On passe par toutes les émotions !
Puis le son diminue et on recommence le même déroulé, entre les nuances Piano à Fortissimo.
Ce passage est juste incroyable, les sentiments et les émotions sont bousculés, en rupture totale avec le début du morceau.
A noter que dans l’écoute proposée, le tempo est assez lent. Vous trouverez aussi des versions plus rapides qui ajoutent un sentiment d’agitation plus poussé. Les deux types d’interprétation sont excellentes.
Les mesures 60 à 75 amènent vers une conclusion de ce passage (on est sur les 4 premiers systèmes de la 3ème page de la partition).
On peut alors entendre de nouvelles couleurs sonores. Il y a des variations tant dans les harmonies que dans les nuances.
Les dernières notes de la mesure 75 ramènent la tonalité d’origine et nouvelle surprise… La mélodie du premier mouvement revient !
Les dernières mesures du morceau rétablissent donc le calme et avec lui le retour de la beauté romantique.
De la mesure 82 à la fin, entendez comme le son devient encore plus pur. C’est un vrai régal pour les oreilles !
Au final, qu’est-ce qui me fait aimer ce prélude n°15 ?
- le romantisme
- les couleurs sonores
- les plans sonores entre la mélodie et l’accompagnement
- la variation surprenante et très sombre du milieu du morceau, couplée à des changements de nuances qui renforcent le sentiment de tension
- le retour au calme et la conclusion tout en douceur, on reconnaît bien là Chopin et son romantisme très singulier !
N’hésitez pas à partager ici votre ressenti. Quelles émotions ou sentiments vous retenez de ces deux écoutes du prélude n°4 et n°15. Avez-vous un autre prélude comme préférence ?
Cet article vous a-t-il apporté des conseils utiles ?
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1 morceau facile, avec des conseils détaillés en vidéo : le 1er prélude de Bach.
16 commentaires
Gros merci de me faire partager de si beaux moments avec des pièces tout simplement merveilleuse. Les explications sont tous appréciées.
Bonne journée.
Musicalement Louise
Merci beaucoup Louise !
Bonne journée
Merci beaucoup, tout ceci est très précis et très intéressant
Merci, avec plaisir !
Bonjour. Je n’ai pas vu la partition du superbe prélude 15… merci
Bonjour Florence.
La partition est dans le recueil des 24 préludes un peu plus haut dans l’article.
Bonne continuation.
Magnifique, j’aimerais pouvoir jouer comme cela que dire de plus. Merci Benoit
Bonjour Alain.
Merci pour le message. Le prélude n°4 peu être un bel objectif des débuts.
La vidéo est bien sûr « l’excellence », et une grande source d’inspiration !
Bonne continuation.
Merci de nous faire partager ces partitions et vos précieux conseils. La musique de Chopin est pleine d’émotion et de mélancolie. Encore merci Benoit. Willy
Merci Willy.
Oui, la musique de Chopin est inspirante et fait du bien à l’esprit !
Bonjour Benoit
Je m’étais inscrit à votre vidéo car j’appréciais véritablement vos qualités de pédagogue lorsque j’ai repris à 68 ans le piano après 50 ans d’arrêt, j’ai étudié tout seul, en 5 ans j’ai bien repris.
Depuis, j’ai fait des progrès et je peux par exemple jouer les 2 préludes que vous présentez.
Mais encore une fois, j’apprécie votre travail et les interprétations que vous reprenez sont magnifiques.
Continuez pour de nouveau jeunes.
Cordialement
Bonjour Jean-Luc.
Je suis content que vous ayez pu reprendre en 5 ans une bonne expérience, et que les progrès vous permettent à présent de jouer des beaux morceaux classiques comme ces préludes. C’est un bel exemple pour tous les débutants !
Aussi, merci beaucoup pour votre suivi.
Merci, de tout coeur !
Je travaille justement ces deux morceaux et c’est là une mine d’or !!!!
Splendeur dans l’âme et merveille sous les doigts….. Merci !!!!
Merci Mireille.
Oui, la musique de Chopin ou la musique de l’âme.
Bonne répétition sur ces 2 préludes !
Merci beaucoup Benoît pour cet article sur les Préludes de Chopin. A la fois une leçon d’histoire musicale (j’ai beaucoup aimé), une analyse musicale du Prélude 15 (très bien !), et des conseils techniques.
J’ai aussi beaucoup apprécié l’article sur les Préludes de Bach que je suis allée consulter.
Marie-Hélène
Bonjour Marie-Hélène.
Merci pour ce message. Je suis content que le contenu soit apprécié.
Bonne continuation et merci d’avance pour votre suivi !